Vivre et Servir là où Dieu nous conduit

« Grain de Moutarde » novembre 2015

Quelques échos de ce « Grain de Moutarde » par des participantes de Châteauroux .

L e thème choisi "vivre et servir où Dieu nous conduit ici et maintenant" a été très apprécié par l’ensemble, parce que très proche de nos réalités quotidiennes.

Lors de cette rencontre annuelle à Chavagnes des retrouvailles joyeuses et des amitiés se nouent entre les membres des diverses régions de France.

Nous avons aimé les temps de réflexion en petits groupes qui nous ouvrent à d’autres réalités et permettent de se communiquer des petits « tuyaux ».

Nous avons trouvé les enseignements de qualité, vivants et bien préparés par les membres de la Famille de l’Incarnation : Mano, Béatrice et aussi Lucienne.

La Célébration de l’Incarnation avec le thème de la lumière était très belle et symbolique, ainsi que l’échange des petits lumignons.

Le renouvellement de l’engagement des Associées fut un moment prenant : Toutes ces personnes alignées dans le chœur, soulignent l’importance de ce qui se vit et appellent l’assistance à la prière et à ses propres engagements.

La pyramide de sel était elle aussi magnifique par son symbole du goût et de l’enfouissement au quotidien. Le petit sac de sel remis à chaque personne à la fin de l’Eucharistie évoque bien ce que nous devons être jour après jour « ici et maintenant. »

Srs M-Fr Giraudet et M-Th Lenninger


Vivre et servir au fil de la Providence

Intervention de Béatrice Cesbron

Si Louis-Marie Baudouin ne fait pas un traité sur la Providence, il la cite régulièrement et fréquemment dans ses lettres. Pour lui qui brûle du zèle missionnaire, qui ne veut que la volonté du Père, pour lui qui veut vivre et servir pour la Gloire divine, la Providence est la Présence de Dieu qu’il discerne dans son quotidien.

I’ accueil de la Providence :

  • dans les événements liés aux situations de l’histoire : Louis-Marie Baudouin a lui-même vécu des temps difficiles, des bouleversements (la Révolution, l’exil, la vie clandestine, le déplacement de son séminaire, l’éloignement de Chavagnes). Quand il relit cela, il reconnait qu’il s’est laissé guider : « J’ai suivi le fil de la Providence, il m’a conduit là. J’y resterai jusqu’à ce que la Providence l’ordonne autrement. » (lettre à la Mère St Benoît 20.06.1816)
  • dans les circonstances du moment : Louis-Marie Baudouin affirme que la volonté de Dieu, qui se manifeste dans la vie quotidienne, l’emporte sur toutes les règles religieuses. L’imprévu de Dieu est premier. Lorsqu’il écrit la règle sablaise, il dit : « Notre premier ordre sera d’obéir à la volonté immédiate de la divine Providence qui a le souverain domaine sur toutes les autres règles. Elle se plaît quelquefois à contrarier notre ordre ordinaire pour nous détacher et pour d’autres motifs, souvent inconnus mais toujours d’une sagesse divine. »

    Il écrit à la Mère St Benoît : « La règle de la divine Providence vaut mieux que les règles des Benoît, des Jérôme, des Basile, des Augustins, des Ignace, des François et des Dominique Pourquoi se troubler ? Un acte de pur complaisance pour un inconnu qui vous emporte trois heures, ou trois jours, ou trois semaines, ou trois mois, vaut mieux que vingt-sept ans d’écritures saintes, ou de jeûne volontaire, ou de contemplation comme l’apôtre Paul ou la Mère Thérèse du Carmel. » (Lettre du 02.05.1816)

  • dans les personnes et notamment dans celles qui assument des responsabilités de service. Il voulait rejoindre les missions étrangères, il a écouté son frère qui l’’a ramené en Vendée et l’évêque qui lui a interdit de partir. A l’abbé Gaboreau qui souhaite lui aussi partir en mission, il conseille à son tour : « Prenons la place que nous donne le maître du logis. Faisons valoir le talent ; nous aurons ici nos combats. Votre ambition spirituelle pourra se rassasier, je la loue. Le Maître ne sortit point de la Judée. Je crois, mon fils, que vous êtes destinée pour l’Europe. » (11.02.1818) Louis-Marie Baudouin invite à reconnaître la présence de Dieu, son Amour « Ici et Maintenant » : « Ce n’est point le temps de penser aux carmélites ni autres couvents. La Providence vous a mise là, sanctifiez-vous là. Souvent on pense autre lieu et autre temps. Aujourd’hui et ici ! C’est plus conforme à Dieu. Ne divisez pas votre âme ma fille.  » (Lettre à Sr St Cyprien, 13.10.1831)

Et, pour discerner les œuvres de la Providence, il conseille aux sœurs, aux séminaristes et autres interlocuteurs d’accueillir l’Esprit-saint et de faire confiance à Dieu. Mais il ne s’agit pas d’attendre sans rien faire (attendre que Le Seigneur fasse à notre place), ni de tout accepter comme volonté du Très-Haut. Louis-Marie Baudouin discerne toujours dans une attention aux circonstances, aux événements et aux personnes. La foi (la confiance en Dieu) ne se déconnecte pas de la réalité du quotidien. Mais, se mettre en présence de Celui qui est Présence au cœur de la vie d’aujourd’hui est essentiel pour lire les événements comme providentiels, pour accueillir l’Amour qui transfigure tout lieu, tout temps et toute personne.

« Ainsi, ma bonne chère Mère, soyez en paix. Attendons la Providence. Je veux être une plume légère et docile qui ira partout où elle soufflera, ou plutôt une roue d’Ezéchiel qui montera et descendra, s’arrêtera ou roulera, selon l’Esprit de Dieu. Pour des projets, je n’en veux pas. Je suivrai le fil. Faisons bien l’œuvre présente, c’est le secret de la paix. » (Lettre du 02.11.1814 à la Mère St Benoît)

Suivre le fil de la Providence, ce n’est pas croire en une prédestination, en un chemin tracé depuis toujours par un Dieu marionnettiste. Dieu ne détermine pas le cours de l’histoire, il l’écrit avec tous ceux et celles qui, librement, unissent leur désir de se donner à son désir d’aimer le monde. Le désir de Dieu et le désir de l’être humain se rencontrent, s’épousent pour devenir force de Vie.

Vivre et Servir au fil de la Providence, c’est prendre le chemin de la confiance en Dieu qui aime infiniment, éternellement et qui a besoin de chacun de nous pour être « les mains de la Providence ».

Béatrice CESBRON
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