À Rome, avec les déléguées pour la reconnaissance de la diaconie de la femme

Du 7 au 14 octobre 2021, soeur Mariangel Marco a été invitée à Rome avec une commission de religieuses et laïques de l’Amazonie, dont elle fait partie, pour avancer dans la reconnaissance de la diaconie de la femme dans l’Eglise. Le pape François est venu les saluer personnellement à la fin de l’audience.

En janvier 2019, une trentaine de femmes de six pays amazoniens ont été invitées à contribuer au Synode de l’Amazonie. C’est ainsi qu’est né le ‘Noyau’ des femmes du REPAM, qui s’est enrichi de nouvelles participantes et s’attache désormais à concrétiser et à donner vie aux propositions issues du Synode de l’Amazonie. Le n° 103 du document final mentionne la Commission d’étude pour le diaconat des femmes et déclare : « Nous souhaitons partager nos expériences et nos réflexions avec la Commission et attendons avec impatience ses résultats ».

C’est à partir de cet intérêt manifeste que l’une des commissions du Noyau des femmes du REPAM se concentre dans la réflexion sur le diaconat des femmes et les nouveaux ministères. J’ai la chance d’avoir fait partie du Noyau des Femmes du REPAM depuis sa création, à l’époque où je vivais en Équateur, et mon déménagement au Canada n’a pas coupé les liens. En fait, je suis la coordinatrice de la commission sur le diaconat et les nouveaux ministères.

Un groupe de femmes des États-Unis qui réfléchit sur le même sujet, « Discerning Deacons » , a pris contact avec nous et nous collaborons et nous enrichissons mutuellement depuis quelques mois. Ensemble, nous avons organisé un forum d’écoute pour l’Assemblée Ecclésiale d’Amérique Latine et des Caraïbes sur le thème spécifique du diaconat des femmes. Ce forum a été très riche et une grande partie de son contenu a été recueillie dans la synthèse narrative du processus d’écoute qui servira de base à la réflexion de l’assemblée.

À l’ordre du jour de « Discerning Deacons » figurait le voyage d’une délégation à Rome à l’occasion de l’ouverture du synode sur la synodalité. À notre grande surprise, la commission diaconale du Noyau de Femmes REPAM a été invitée à se joindre à elles. Six femmes se sont rendues à Rome du 7 au 14 octobre : Ellie Hidalgo, Casey Stanton et Lisa Amman de Discerning Deacons, Dorismeire A. de Vasconcelos, Ciria Mees et Mariángel Marco du Noyau de Femmes REPAM. 

Notre objectif : amener la question de la diaconie des femmes à la table du dialogue.

Dans ce processus nouvellement lancé vers le synode de la synodalité, le pape François met en avant trois mots clés : rencontre, écoute, discernement. Nous avons convergé vers Rome en provenance de quatre pays différents : Canada, États-Unis, Bolivie et Brésil.

Nous avons apporté avec nous les espoirs de nombreuses femmes qui nous ont fait nous sentir envoyées, et la rencontre entre nous a été fructueuse et prolifique. Nos propres douleurs et espoirs nous ont unies ; notre urgence à être la voix de tant de personnes a été renforcée. Nous avons vécu l’écoute, en surmontant les difficultés des trois langues dans lesquelles nous nous exprimions (anglais, espagnol, portugais), en nous écoutant les unes les autres avec le cœur. Nous revendiquons d’être écoutés, car c’est là que l’Église est en déficit. L’une des questions que propose le document préparatoire est la suivante : à « qui » notre Église est-elle « en dette d’écoute » ? Sans aucun doute, les femmes font partie de ces « qui ». À Rome nous avons été bien accueillies.

Lorsque nous avons mentionné, par exemple, au Dicastère pour l’Unité des Chrétiens, que la simple évocation du sujet du rôle des femmes dans l’Église provoquait des tensions, que nous avons reçu beaucoup de ‘grimaces’, ou bien qu’on nous dit que nous devenons nerveuses lorsque nous n’avons pas de réponses, les personnes nous ont encouragées à saisir toutes les occasions de soulever la question et de susciter le dialogue, à ne pas nous laisser décourager par les réactions contraires, car l’Église a besoin de ce dialogue.

Comme les sœurs nous l’ont montré lors de la réunion de l’UISG (Union Internationale des Supérieurs Généraux), la résistance vient de la peur, mais nous devons nous demander d’où viennent ces peurs, car parfois les peurs sont fausses. Nous nous sentons appelés à contribuer à ce processus de discernement synodal qui vient de commencer. Le discernement n’est possible que s’il est fait sans préjugés, sans conditions.

Le Pape a dit dans l’homélie d’ouverture du synode : quand on écoute avec le cœur, l’autre ne se sent pas jugé. L’attitude d’écoute est l’amour. Et il nous a invités à ne pas nous blinder dans nos certitudes.

La théologienne Cristina Inogés a déclaré dans le discours d’ouverture du synode que la fidélité exige souvent des changements.

Lors de l’audience publique du mercredi 13 octobre, où nous avons eu la chance de le saluer personnellement. Le Pape nous a rappelé que nous devons renoncer, non pas à la tradition, mais à celle qui contredit l’Évangile. Il a insisté sur le fait que nous devons avoir une vision dynamique de la tradition.

cela nous incite à dialoguer ensemble sur le service, la participation et le leadership des femmes dans l’Église. La question du diaconat des femmes est certainement un sujet à considérer.

Comme nous en avons discuté à Rome, il existe de nombreuses preuves littéraires, épigraphiques et historiques montrant que les femmes diacres ont exercé leur ministère en Occident jusqu’au 12e siècle. Les fonctions diaconales sont la Parole, la liturgie et la charité. La constitution dogmatique Lumen Gentium indique clairement que l’ordination au diaconat est destinée au ministère, et non à la prêtrise. Il n’y a aucune activité nommée dans Lumen Gentium qu’une femme n’a pas exercée ou ne peut pas exercer. Les femmes sont également appelées à la prédication publique. Le fait que seuls les hommes puissent faire des homélies est une appropriation de l’Esprit. A l’heure actuelle, cela ne peut être ni compris ni accepté.

Comme l’indique le document préparatoire au synode, « l’Église pourra apprendre de ce qu’elle expérimentera, quels processus peuvent l’aider à vivre la communion, à réaliser la participation et à s’ouvrir à la mission ».

Le service et la synodalité vont de pair. Comptez sur nous !

Mariángel Marco Teja Ursuline de Jésus Octobre 2021

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