Témoignage de Victorien Biyaga à la Semaine Internationale

Aidé par les Ursulines dans son combat pour« marcher debout », Victorien les aide à son tour de bien des manières.

Je suis Victorien Fidèle Simon BIYAGA, marié et père de deux enfants.

Victorien

A l’âge d’un an, j’ai été atteint par la poliomyélite, ceci a bien troublé mes parents. Mon père, enseignant, a bien voulu que je commence très tôt mes études. Alors il a demandé à certains de ses élèves de passer chaque matin me prendre pour l’école. Ceux-ci ont obéi, chaque matin ils me portaient sur leur dos. Papa, n’aimait jamais me voir ramper soit sur mon ventre, ou à quatre pattes.

La Providence aidant, nous avons fait la connaissance de Sr Hélène Roy et de Sr. Marie Joseph Bellanger venues s’installer à Bakoa, toutes deux Ursulines de Jésus. Sr. Hélène Roy avait une mission particulière : celle d’aider les handicapés. Ce fut une grande chance pour moi et une joie pour mon père. Alors les sœurs ont tout fait pour que je puisse avoir mes premières béquilles et mes appareils. Ce fut là mon premier contact avec les sœurs Ursulines de Jésus. Avec mes efforts de vouloir marcher debout, mes béquilles se cassaient chaque fois, alors sœur Hélène était contrainte de passer de temps en temps se rassurer si effectivement j’avais mis mes appareils et j’avais fais un exercice de marche. Après plusieurs exercices, j’ai commencé à aller à l’école tout seul, voir des matches de football au stade et aller à la messe ; j’avais sept ans.

Sr Hélène Roy

Voilà qu’un jour, Sr Hélène est venue nous dire au revoir ; quand elle a achevé ses mots, nous nous sommes tous mis à pleurer. Elle, parce qu’elle quittait le Cameroun et moi parce que je ne savais pas si quelqu’un d’autre allait aider papa. Après, elle me dit : « Garde ton calme une autre sœur va s’occuper de toi. » C’est ainsi que sœur Kathleen Roberts a pris le relais. Quittant Bokito pour le Lycée de Bafia, Sr Kathleen m’a confié à Sr Marguerite Canouil. Avec celle-ci, c’était formidable. J’ai appris à fabriquer des chapelets, de la pierre noire pour soigner les morsures de serpent ; j’ai aussi appris à lire et à partager la Parole de Dieu : bref, elle m’a appris à me prendre en charge. C’est ainsi que la vente des chapelets m’aidait à payer mes cahiers et à m’habiller.

Et c’est à Bafia, que j’ai commencé à rendre visite aux sœurs de Gondon. J’allais régulièrement chez elles où j’ étais accueilli par toutes celles que je trouvais sur place : Filbert, Marie Henriette, Sabine, Crescence et autres. Pendant mon cursus scolaire j’étais responsable d’un mouvement d’action catholique la JEC : la jeunesse étudiante chrétienne qui a pour option la solidarité pour les pauvres et les opprimés. Alors, nous allions de temps en temps à la prison et à l’hôpital. Je faisais des kilomètres à pied pour présider des rencontres avec des jeunes dans certains établissements de la ville. C’était pour moi une manière de vaincre mon handicap.

Après mes études de lycée puis de bureautique, j’ai été recruté à la Procure du diocèse de Bafia, où j’ai passé 4 ans. A cause d’incompréhensions, l’on m’a fait partir ; ceci m’a troublé, a failli me décourager et me faire partir de l’Eglise. Mais Frère Brochard, les sœurs Ursulines de Jésus et beaucoup plus, ma mère m’ont demandé de garder mon calme et de remettre tout au Seigneur.

Voilà qu’en 2005 les sœurs m’ont approché pour que nous mettions sur pied la fraternité de l’incarnation à Bafia. Je leur ai répondu par l’affirmative. Que j’étais heureux de m’imprégner de leur spiritualité, celle de Louis Marie Baudouin. J’ai poussé ma curiosité et je me suis rendu compte que ce n’était pas pour rien qu’elles avaient un grand regard sur moi. C’est parce qu’elles étaient sur les pas du fondateur qui demande d’aimer les pauvres, les handicapés….. Je suis tous les jours avec elles, dans les joies comme dans les peines, leur rendant des services au quotidien. A des moments elles se posent la question de savoir si mon épouse n’est pas jalouse, du fait que je passe sensiblement toute la journée et jusqu’à des heures tardives ! En réponse, je leur dis que mon épouse sait que je suis chez elles et elle m’aime comme ça.

Avec la fraternité de l’Incarnation j’ai repris la visite aux malades. Chez moi à la maison, je prie déjà les laudes et les vêpres : Sr Hélène Roy m’a envoyé un livre d’office. J’aide les sœurs dans la gestion des projets de l’école maternelle. Avec mes frères et sœurs de la fraternité nous faisons des neuvaines avant les voeux des religieuses. Je sais aujourd’hui ce qu’est la lectio divina, peut-être que nous pourrons le vivre ensemble..

La fraternité de l’Incarnation est ma seconde famille, vous avez vu vous-même, à Chavagnes, comme je suis gardé par mes frères et sœurs. Je ressens un amour profond de la part de tous ceux qui m’entourent.

Victorien BIYAGA
Fraternité de Bafia
Chavagnes-22 juillet 2010

Victorien, Clément, Lucas et Didier, les 4 délégués du Cameroun

Pour lire le reportage de la rencontre de l’été 2010, cliquez sur Semaine internationale de la Famille de l’Incarnation

Les Associés de Grande-Bretagne/Irlande ont communiqué leurs impressions sur le site anglophone : www.ursulinesjesus.org Pour le lire http://www.ursulinesjesus.org/assoc...

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