Deux communautés UdJ en Bolivie

Les Ursulines de Jésus sont arrivées en Bolivie en 1977 : pour la revue EN FAMILLE de juin 2012, chacune des deux communautés exprime sa manière de vivre l’Incarnation au quotidien.

Cochabamba

La communauté de Cochabamba vit depuis 32 ans dans un quartier pauvre et marginal, peuplé par des gens qui sont venus de la campagne à la recherche de meilleures conditions de vie.

Ce secteur s´étend sur plusieurs collines et notre maison est située sur le flanc de l’une d’elles appelée Alto Cochabamba.

Peu à peu, ces différentes collines se sont peuplées de beaucoup de gens et naturellement au cours des années, les services d´électricité et d´eau ont été améliorés… même si, dans les zones les plus hautes, les familles doivent acheter l‘eau à des particuliers qui la transportent en camions-citernes, ce qui est très coûteux : souvent il leur arrive d´en manquer.

Dans les secteurs proches de l´Avenue Suecia, beaucoup de maisons sont plus confortables et on y trouve de véritables villas, même s´il reste encore bien des habitations modestes et pauvres.

Tout au long de sa présence dans ce secteur, la Communauté a collaboré dans le domaine de la pastorale paroissiale, sociale, éducative, sanitaire, répondant ainsi aux nécessités des gens de ce lieu.

Dans cette réalité, nous, Yobanca Heredia, Mercedes Orellana, Teresa Salinas, Marisol Villafañe et María Eugenia Vivanco, nous voulons être fidèles à la spiritualité de l´Incarnation, vivant une présence simple et proche des gens et accompagnant les groupes et les personnes dans leurs joies et leurs souffrances.

Ce vécu de proximité nous invite à partager avec des personnes pleines d´espérance, de foi, de dignité, de recherche et à marcher à leur côté.

Nous découvrons que d´autres personnes différentes peuvent nous révéler la présence de Dieu par leur foi vécue en profondeur et leur confiance en Lui.

Nous expérimentons le défi suivant : que signifie aujourd´hui l´Incarnation dans cette réalité ? Que nous dirait le Père Baudouin de notre manière de vivre la spiritualité de l´Incarnation ? Comment recréer, découvrir avec créativité les conséquences et exigences de l´Incarnation ?

Jésus est notre maître dans son amour et son esprit de piété envers le Père, dans son amour envers les hommes, dans sa démarche de rencontre avec Zachée, la Samaritaine, l´aveugle- né…

Cette spiritualité nous conduit à reconnaître la présence de Dieu en tout et en tous, dans l´histoire de l´humanité qui chemine vers le Royaume.

Srs Yobanca HEREDIA, Mercedes ORELLANA, Teresa SALINAS,
Marisol VILLAFAÑE et María Eugenia VIVANCO
De izquierda a derecha estamos ; Maria Eugenia Vivanco- Maria Soledad Villafañe- Teresa Salinas - Mercedes Orellana- Yobanca Heredia

Pour voir les photos et lire l’article en espagnol Desde Cochabamba-Bolivia y hace ya 35 años… « La Palabra es lugar de encuentro en cada rostro humano »

San Ignacio de Moxos

Il y a 33 ans , nous arrivions à San Ignacio de Moxos en Bolivie. Dieu nous a placées ici pour être Témoins de son amour, pour nous incarner dans ce lieu où 70% des habitants sont indigènes.
C´est une des premières “Réductions", c’est-à-dire : communautés d´indigènes convertis, fondées par les Jésuites il y a 334 ans.

La caractéristique principale de ce village est que les gens conservent encore aujourd´hui l´organisation, la culture, la langue, le folklore et la spiritualité que les Jésuites leur ont transmis ; c´est pourquoi on appelle ce lieu « Capitale spirituelle jésuitique du Cône Sud » et « Capitale Folklorique du Béni ».

On attache une grande importance à la religion dans ce village, non comme une religiosité populaire, mais comme quelque chose de plus profond.
Il suffit de voir par exemple comment ils préparent le Carême, la Semaine Sainte, la fête de Pâques, Noël… Le divin est présent dans tout ce qui est humain, pauvre, indigène, et habite ceux qui ne savent pas lire mais qui témoignent d´une grande sagesse : celle de la vie et celle que leur inspire leur propre spiritualité. Par exemple, les « santos varones » (confrérie d´hommes honorables) sont choisis et ne peuvent pas être des citoyens ordinaires ; ils doivent être bien mariés, d´une grande bonté, dévoués et au service de tous, sinon ils ne sont pas jugés dignes de porter dans leurs bras le Corps du Christ.

On dirait que Jésus s´est incarné spécialement dans ces 70% d´indigènes .On appelle le reste de la population « Carellana » = blancs. Ces derniers sont plus spectateurs de la vie spirituelle des indigènes que pratiquants.

Lorsque nous sommes arrivées en 1979 , ce village comptait 3 500 habitants, indigènes et blancs ; aujourd´hui on compte plus de 18 000 habitants et cette population tend à croître, car c´est un lieu de passage entre La Paz, Santa Cruz et Pando. Tout ceci nous amène à changer de regard, à cause du mélange de cultures : Quéchoua, Aymara, Oriental…

De nouvelles sectes sont arrivées : certaines sont reparties car elles n´avaient pas d´adeptes et celles qui restent, se diluent car elles n´ont pas d´influence ; mais San Ignacio restera-t-elle la "Capitale Spirituelle “ ?

Et nous, les Ursulines, nous sommes ici comme une présence de l´Incarnation, vivant dans la simplicité, le don de nous-mêmes, le service et l´amour. Tous savent, surtout les plus pauvres, que nous sommes pour eux, qu´ils peuvent compter sur nous, qu´ils peuvent venir à nous ; et nous, nous savons que nous pouvons compter sur eux parce qu´ils nous évangélisent. Nous croyons que l´Incarnation consiste en cela.

Nous n´avons pas de groupes formés de la Famille de l´Incarnation, mais il existe des groupes avec lesquels nous maintenons des liens plus intimes : groupes d´étude biblique, communautés de base à qui nous avons fait part de notre charisme et de ce que nous vivons. Avec quelques autres nous communiquons en certaines circonstances particulières : Avent, le 25 mars, jour où nous avons eu une célébration de l´Incarnation, ce qui nous a permis de faire connaître ce que nous « vivons au-dedans », suivant le témoignage de quelqu´un.

Nous continuons à penser qu´il faut avancer pas à pas dans la constitution et la réalisation de la Famille. Pourquoi ne l´avons-nous pas fait ? Peut-être notre préoccupation fut-elle d´entrer davantage dans leur spiritualité, de nous incarner ici. Ensuite, eux-mêmes, à partir de là, découvriront peu à peu notre spiritualité. En fait, l´Incarnation n´est-elle pas le don de soi-même par amour jusqu´au don de sa vie  ? C´est ce que nous voulons vivre.

De izquierda a derecha estamos ; Natalia Villafañe - María Dolores Pérdigo- María Victoria Requena- Anunciación García - María Bristott
Srs Maria BRISTOTT, Anuncia GARCIA, Maria Dolores PERDIGO
María Victoria REQUEÑA, Natalia VILLAFAÑE
Revenir en haut