Au Chili depuis 1981

25 ans des Fraternités au Chili

entre les Soeurs Myriam, responsable régionale des Soeurs UdeJ et Maria Pilar, Sr Maria Jesus Reparraz, fondatrice des Fraternités au Chili

En août 2006, les Fraternités du Chili ont fêté leur 25e anniversaire de fondation. A cette occasion, elles ont invité les Congrégations et les Fraternités de la « Famille de l’Incarnation » à venir au Chili partager les célébrations et la fête. Nous aimons revenir sur cette rencontre avec trois témoignages des déléguées des Fraternités de France.

Partir … rencontrer … revenir

… et ne pas en rester là


Prendre la décision de partir si loin - 12 500 km - et laisser ma famille n’a pas été un choix facile ! Mais, le voyage s’est fait et quelle joie ! Quel étonnement pendant les 3 jours de retraite à Santiago de se retrouver si proche les uns des autres, de se sentir en communion malgré nos différences de culture, de langue, de vivre d’un même esprit, de se retrouver « sur la même longueur d’onde ». Ce fut une expérience très forte. C’était vraiment une réunion de famille ! Avec les Fraternités du Chili, nous avons eu le temps de la rencontre et de la découverte. Ces temps de partage ont été des moments privilégiés chez elles. Nous avons pris le temps de goûter la joie de se comprendre avec nos quelques mots d’espagnol, nos gestes, la patience des Chiliens à choisir des mots simples pour communiquer, des moments de bonheur, de fous rires, des moments de partage dans la simplicité du quotidien.

quelques membres de la Fraternité de Santiago




Nous avons vécu des moments forts quand il a fallu quitter la fraternité de Quellón : sensation de les laisser « au bout du monde » (au sud de l’île de Chiloé) ; ce fut difficile de partir. A chaque fois nous avons reçu un accueil plein de chaleur, n’hésitant pas à se serrer pour nous faire de la place, pour que nous puissions être avec eux dans leur famille, leur maison. Nous avons découvert un beau pays aux paysages magnifiques ! Ces 15 jours m’ont éveillée à goûter les rencontres, à prendre le temps d’être avec ceux avec qui je vis, à contempler les paysages de chez nous ! Cette ouverture me ramène à c’est ici et maintenant que j’ai à vivre cette fraternité, cet émer-veillement de la vie autour de moi. Mais aujourd’hui, il nous faut ne pas en rester là ; continuons à tisser les liens au-delà des océans et chez nous, pour que la Famille de l’Incarnation vive !

c’est la fête : Sr Maria Pilar à la guitare




Un deuxième témoignage


Accueillir les témoignages…et se laisser interpeller.


A mon tour je redis l’accueil inoubliable que nous avons reçu : un accueil en famille, simple, chaleureux. Les membres des Fraternités ont tenu à nous recevoir « chez eux ». J’ai également éprouvé un sentiment de « re-connaissance », une langue différente mais un langage commun. Nous faisions partie de la même famille. Nous étions « chez nous ». J’ai été fortement marquée par l’engagement des femmes de la Fraternité de Freirina. Bien qu’il n’y ait plus de Sœurs à Freirina, elles souhaitent continuer à vivre de la spiritualité de l’Incarnation. La rencontre faite à Achao, une toute petite île près de Chiloé, m’a touchée. Là, réside depuis une cinquantaine d’années un prêtre Belge de 80 ans. Témoignage d’une vie simple, donnée, cachée, de soutien fraternel entre lui, un prêtre chilien et un jeune diacre en vue du sacerdoce. Cette vie fraternelle était émouvante. Je fus aussi profondément marquée par la visite à la Fraternité de Quellón.

quelques membres de la Fraternité d’Ancud-Quellon

Là, nous avons encore davantage saisi leur joie de nous recevoir chez eux, leur attachement à Chavagnes qui représente les racines, la source de la spiritualité. En juillet 2002, ils sont venus à Chavagnes et ils espèrent bien y revenir encore au moment de la rencontre internationale de la Famille de l’Incarnation. Alors nous aurons la joie, à notre tour de les accueillir, car ce n’est pas sans un pincement au cœur que nous les avons quittés.

table d’accueil dans la Fraternité de Quellon

Je me suis aussi laissée interpeller par leur soutien réciproque dans les situations difficiles. Cela se fait dans la simplicité, la discrétion et la tolérance. Ils font de gros efforts pour vouloir se rencontrer, les distances entre les Fraternités sont très importantes, même à Santiago cela peut demander une heure de métro. Ils savent associer leurs familles et leurs amis à ce qu’ils vivent en Fraternité, aux Fêtes de « La Famille ». Cette association de leurs proches ne se fait pas dans un souci de recrutement, mais pour que d’autres découvrent « leur Source ». Ils sont très attachés à la spiritualité de l’Incarnation et aux fondateurs. Leurs engagements en Eglise ou dans des actions caritatives sont remarquables. Il est bien difficile de retraduire toute la richesse de ce voyage. Je peux cependant dire qu’il m’a aussi permis de découvrir comment d’autres laïcs vivaient de la spiritualité en Italie, en Grande-Bretagne, au Venezuela ou au Burkina-Faso. De façon différente mais avec une même base. Il n’y a pas de modèle. Nous avons pu aussi nous découvrir Père, Sœurs et Fraternités de France pendant ce temps vécu ensemble. Enfin tout cela m’a bousculée par rapport à ma vie en Fraternité et j’ai pu le partager depuis à l’une de nos rencontres : ouverture, visibilité, désir de partager, vie fraternelle, acceptation de nos différences, approfondissement de la spiritualité, les moyens que je me donne, liens avec les congrégations, que de questions… Maintenant, la main à l’œuvre et « pratique, pratique » LM Baudouin.


Un troisième témoignage


Faire de toute rencontre une visitation.


Rentrant du Chili, je ne savais comment exprimer ce que nous avions vécu et je redoutais la question : « C’était comment ? Raconte. » Un soir, alors que je repensais à ces deux semaines, un passage d’Evangile m’est venu à l’esprit, celui de la Visitation. Non pas qu’on se prenne pour la Sainte Vierge ! mais ce fut une rencontre de ce qui nous habite : la vie de Dieu ! La vie qui grandissait au plus profond d’Elisabeth s’est manifestée en entendant la salutation de Marie. Et l’action de grâce en a jailli !

La Visitation : une histoire de famille puisque de cousines. Nous sommes allées à la rencontre de personnes qu’on disait être de la même famille que nous : la Famille de l’Incarnation. Elles nous ont accueillies comme telles, se réjouissant de notre venue, se serrant parfois dans une maison pour nous recevoir, mettant les petits plats dans les grands. Au fil des rencontres, des partages, des célébrations, nous avons reconnu cet Esprit qui les anime : L’important, c’est ici et maintenant ; essayer d’adorer Jésus Verbe Incarné dans le quotidien. « Lorsque ta salutation a retenti à mes oreilles, l’enfant a bondi d’allégresse en mon sein. » Ce que nous vivions avec eux, rejoignait ce que nous portons comme essentiel de vie. Et donc, ensemble, Chiliens et Françaises, nous nous sommes bien reconnus frères et sœurs dans la spiritualité de l’Incarnation. Nous l’avons senti dès les trois premiers jours à Santiago : jours de retraite, de fête pour l’anniversaire des fraternités, mais également, et peut-être encore plus fort en allant à la rencontre de chaque fraternité sur son lieu de vie.

la nouvelle Fraternité de Freirina

Nous ne maîtrisions pas la langue espagnole. Alors, en l’absence des Sœurs, il a fallu beaucoup de patience à nos hôtes, et d’efforts de notre côté, pour nous comprendre. Mais, nous étions tellement présents les uns et les autres pour donner et recevoir un maximum, que, par delà les mots, avec beaucoup de gestes et de regards, l’essentiel se disait. Et, si nous terminions souvent une rencontre par un temps de prière, les « muchas gracias » que nous exprimions à nos frères et sœurs chiliens étaient autant de mercis à Dieu pour ce qu’il nous donnait de vivre. « Marie s’est rendue chez Elisabeth et a demeuré chez elle. » Nous sommes venues, nous avons mangé, dormi chez eux, prié, visité avec eux. Ce n’était pas faire du tourisme, c’était marcher avec Edith dans les rues d’Ancud, avec Monica dans les rues de Los Angeles. « Puis Marie s’en retourna chez elle. » Elisabeth la précédait dans l’expérience de la grossesse. Si Marie a sans doute beaucoup donné à sa cousine, elle a certainement aussi beaucoup reçu de celle-ci à son contact jour après jour. Elle est repartie riche de ces trois mois chez la mère de Jean-Baptiste. Toutes les trois, Françoise C, Françoise M et moi, nous sommes revenues plus désireuses encore de faire famille, de rester en lien avec les fraternités chiliennes . Elles cheminent depuis plus longtemps que nous, elles boivent à la même source et beaucoup de leurs questions rejoignent les nôtres. Au dernier Grain de Moutarde, un Père FMI nous redisait son désir de vivre chaque rencontre comme une Visitation. Cela a bien sûr fait écho en moi et je peux dire que depuis ce voyage au Chili, j’ai envie de faire vraiment de toute rencontre, même la plus quotidienne, une Visitation.

le magnifique volcan Osorno vers le sud de la cordillère des Andes, près des îles de Chiloé
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