Notre charisme (P. Camille DUDIT)

Louis-Marie Baudouin n’a pas reçu une lumière subite ni révélation spéciale ; il a découvert son chemin à travers son expérience de vie, ce que nous appelons « l’expérience fondatrice » (comme dans la Bible, la libération d’Egypte fur l’expérience fondatrice du Peuple de Dieu.) Celle-ci n’est pas uniquement spirituelle : un charisme naît de l’interrelation constante de trois éléments

  • Une expérience de Dieu
  • Une vision de la réalité
  • Des options apostoliques, qui naissent des deux premiers éléments.

UNE EXPERIENCE DE DIEU

Louis-M.Baudouin s’est trouvé dans des circonstances dramatiques en raison de la persécution religieuse : prison, 5 années d’exil en Espagne, 2 ans de cachette aux Sables d’Olonne. Et donc beaucoup de temps pour méditer, se former, lire la Parole de Dieu, dans laquelle il rencontre des exemples illuminateurs : Moïse obligé à fuir d’Egypte, mais qui reviendra ensuite après 40 ans apparemment perdus pour libérer son peuple ; Elie en fuite aussi pour sauver sa vie, et son expérience de Dieu á l’Horeb (1Rois 19). Quand l’avenir parait fermé, Dieu prépare en silence sa mission future. Comme il vit caché, le P .Baudouin médite les « mystères cachés » : l’Incarnation, la vie de Nazareth, l’Eucharistie… Il aborde Dieu par le moyen du Mystère de l’Incarnation comme axe central ; tout le reste fait partie des « divines suites de l’Incarnation »

UNE VISION DE LA REALITE

Le P.Baudouin ressent fortement les nécessités de son temps, qui l’appellent « à rénover l’Eglise et la société » (rien q ue ça ! vaste programme !) Il découvre cette vocation dans la contemplation du mystère, un mystère « des commencements » (l’Immaculée Conception, l’Incarnation, Nazareth…) : commencements cachés, mais nécessaires pour la réalisation du plan de Dieu sur la création. Dans cette lumière, il lit « les signes des temps ».

DES OPTIONS APOSTOLIQUES

Celles-ci naissent de la corrélation profonde des 2 éléments antérieurs. Il ne s’agit pas de reproduire le passé. « Nous entrons dans une ère nouvelle, il vous faut oublier la solitude paisible de vos monastères pour donner une éducation chrétienne aux jeunes de toutes les classes sociales, il vous faut oublier vos cloîtres tranquilles pour vivre au milieu du monde une vie pauvre, laborieuse et totalement apostolique ». Ce n’est pas pour cela qu’il va laisser de côté la contemplation pour s’adonner à l’action. « Faites-vous un cloître avec Jésus dans votre cœur, et allez… » . La mystique et le fait de se laisser interpeller par la réalité le conduisent à la mission, donnant naissance au troisième élément de notre charisme.

« Se laissant conduire par l’Esprit, comme une plume légère » … L.M.Baudouin ne va pas non plus répondre à toutes les nécessités de son temps ; son expérience de Dieu et la réalité qui l’environne lui font chercher des réponses « aux commencements », en vue du futur : former des prêtres, des missionnaires, des femmes éducatrices qui vont ensuite former les futures mères chrétiennes qui communiqueront la foi authentique dans leurs foyers. Le P.Baudouin s’est dédié aux « commencements », à former des multiplicateurs et à fonder 2 congrégations (FMI et UDJ) et des séminaires.

Dès le début, il voit cette mission possible avec « des religieux prêtres, réunis dans une maison » ( et lui-même écrit une Règle et s’engage avec Lebédesque dans la vie religieuse) « et un nombre de pieuses filles, sous la même règle… » Cette expérience du P.Louis-Marie Baudouin est « fondatrice » dans la mesure où elle « inspire » et peut être recréée toujours dans de nouveaux contextes.

ICI ET MAINTENANT

Vivre un charisme : ce ne sont pas seulement des exercices de piété, ni seulement une spiritualité. Il ne s’agit pas non plus de répéter

les œuvres du Fondateur (ce peut être une trahison !) Il s’agit, « poussés par l’Esprit », de refaire le même chemin qu’il a fait lui-même. Il s’est trouvé après la Révolution dans « une ère nouvelle ». Maintenant nous nous trouvons dans une autre ère nouvelle toute différente. Il nous revient donc, dans « une fidélité créatrice » (Jean-Paul II), de faire le même chemin de l’Expérience de Dieu, et de l’analyse du monde d’aujourd’hui, et faire jaillir de la rencontre de ces deux expériences quelques étincelles pour éclairer notre chemin de chaque jour.

Une expérience de Dieu C’est important que nous vivions l’expérience du Verbe Incarné, que nous ayons la volonté de l’imiter, et que nous soyons disposés à dépenser notre vie au service du Père et des frères. D’où il est nécessaire d’avoir une foi authentique qui nous pousse à vivre le recueillement du Verbe Incarné et de Marie : (1º Règle 10.A.1)

Notre réalité d’AUJOURD’HUI Quels sont les « signes de notre temps » ? Les Supérieurs majeurs des Instituts religieux en avaient fait une présentation très contrastée, à l’occasion d’une rencontre mondiale à Rome en 2005 :

  • Un monde globalisé, une société enfermée dans un système néo-libéral ,
  • Mobilité humaine et phénomènes migratoires,
  • Culture de mort et lutte pour la vie,
  • Pluralisme et différenciation croissante,
  • Soif d’amour et désordre amoureux,
  • Soif du sacré et matérialisme sécularisé.

Chacun est invité à discerner dans la société dans laquelle il vit ce qui le touche au plus près dans sa vie personnelle, familiale ou professionnelle…

ENGAGEMENT APOSTOLIQUE

Des interpellations Si nous analysons et partageons dans notre groupe (communauté, fraternité, famille…) la vision de notre monde d’aujourd’hui, nous nous sentons plus conscients des appels : nous les confrontons à notre contemplation du mystère du Verbe qui s’est fait humain, et de là nous pourrons discerner et nous proposer…

Des orientations pour l’action. Il ne s’agit pas de grands projets, mais d’actions précises et ponctuelles dans divers domaines plus proches, où nous pouvons et voulons rendre Dieu plus présent.

A Caracas, janvier 2008, P.Camille DUDIT,fmi.

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